Ce jeudi 23 décembre 2010, Jambonews TV a rencontré Gerald Gahima dans le cadre de la deuxième édition de l’émission point de vue.
Ancien procureur général du Rwanda et vice-président de la Cour suprême après la prise du pouvoir du FPR en 1994, Gahima est ensemble avec son frère Theogene Rudasignwa, Patrick Karegeya et Kayumba Nyamwasa, l’un des auteurs du « Rwanda Briefing », un document d’une cinquantaine de pages décrivant la situation socio-politique du Rwanda et déconstruisant les mythes autour du président Kagame.
Dans cette interview réalisée en langue anglaise, l’ancien procureur nous a livré ses analyse et témoignage sur une série de questions liées à l’actualité, l’histoire, la politique ou encore la condition des Droits de l’Homme au Rwanda.
D’emblée, notre première question est directe et vise à savoir si d’après ce qu’il sait ou a entendu, le FPR a abattu l’avion du président Habyalimana. Il nous répond qu’il n’en a aucune connaissance à titre personnel, mais qu’il supporte que justice soit faite pour les victimes de cet attentat, qui a, selon lui, contribué au génocide.
La deuxième question a trait à un autre sujet d’actualité touchant au Rwanda, le « Mapping report » au sujet des crimes commis au Congo de 1993 à 2003 parmi lesquels des crimes de guerre, crimes contre l’humanité, voire un génocide commis par le FPR contre les réfugiés Hutu.
Il nous dit que lorsqu’ils étaient au Rwanda, en 1996-1997, ils ne savaient pas ce qui se passait au Congo. Bien sur ils savaient qu’une attaque avait eu lieu contre les camps mais que l’ampleur des violations des Droits l’homme leur était inconnue. Ce n’est qu’après qu’il ait quitté le Rwanda et en faisant des recherches, qu’il a pris connaissance et conscience de l’ampleur des atrocités commises.
Sa position est que les allégations contenues dans le rapport sont très sérieuses. Il nous fait toutefois savoir qu’il n’a aucune connaissance personnelle d’un éventuel génocide commis, mais qu’il n’y a aucun doute que de terribles atrocités ont été commises contre les réfugiés Hutu et que la communauté internationale et le gouvernement du Rwanda ont le devoir envers ces victimes de rechercher la vérité et d’emmener les responsables de ces atrocités devant la justice.
Lorsque nous lui demandons sa réaction au sujet des autres crimes prétendument commis par le FPR, ceux commis avant 1994 dans les communes de Byumba et de Ruhengeri, ceux commis en 1994 au cours de son avancée ainsi que ceux commis par le FPR au Rwanda jusqu’en 1998, il tient au préalable à nous donner sa position sur les événements de 1994.
Il nous dit que pour lui un génocide a été commis à l’encontre des Tutsi en 1994, il est d’avis que ce génocide n’a pas été planifié par Habyalimana comme le gouvernement du Rwanda le prétend. Mais qu’après le 7 avril, un groupe de personnes l’a planifié. Et que les victimes de ce génocide sont des rwandais qui ne méritaient pas ce qu’il leur est arrivé et que ces victimes méritent que justice soit faite.
Revenant à la question des crimes commis par le FPR, à nouveau, il nous dit qu’il n y’a aucun doute que des violations des Droits de l’Homme ont été perpétrées par le FPR pendant la guerre.
En ce qui concerne les crimes commis avant 1994 à Byumba et Ruhengeri, il nous dit que des crimes ont pu être commis, mais qu’à titre personnel, il pense que ces crimes n’ont pas eu la même ampleur que celle invoquée par certains opposants au gouvernement rwandais.
« Des civils innocents ont été tués par le FPR après le 7 avril 1994, ce qui est difficile à connaître, c’est l’ampleur de ces crimes. »
Après le 7 avril, toutefois, il est convaincu que des violations massives des Droits de l’homme ont été commises à l’encontre des Hutu. Il nous fait savoir que des civils innocents ont été tués par le FPR, mais que ce qui est difficile de connaitre, c’est l’ampleur de ces crimes. La raison en est qu’aucune institution au Rwanda ne peut débattre librement de ces crimes à cause de l’influence de l’armée. Il nous rappelle, que plusieurs membres du gouvernement en 1994, l’ont quitté suite à des désaccords au sujet de ces tueries.
Il nous explique ensuite pourquoi ces crimes n’ont pas été jugés au Rwanda. La raison est que les soldats sont jugés par les juridictions militaires et que par conséquent, il est impensable que ces juridictions poursuivent des crimes dans lesquels les soldats du FPR qui sont les juges sont impliqués.
La seule opportunité pour les victimes de voir justice rendue était le TPIR qui a toutefois échoué à poursuivre ces crimes. Il conclue en disant que les victimes de ces atrocités méritent justice au même titre que les victimes du génocide.
Nous lui posons ensuite une question en tant qu’ancien procureur général du Rwanda au sujet des listes de génocidaires établies par le gouvernement du FPR. Ces listes ont étés mises en place pour poursuivre les responsables du génocide et nous lui demandons sa réaction aux critiques de certaines voix qui s’élèvent pour dénoncer le fait que ces listes auraient été instrumentalisées afin de poursuivre des opposants et éteindre toute voix critique.
Il commence par nous expliquer le contexte dans lequel ces listes ont été mises en place.
Ensuite, rejetant les propos d’Inyumba et de Kagame lui attribuant la responsabilité des listes, il précise que l’établissement des listes a été une politique gouvernementale et non d’un procureur. Il nous fait savoir qu’à titre personnel, il a fait ce que la loi lui a demandé et qu’il n’a pas utilisé ces listes pour poursuivre des opposants.
Il nous dit qu’il faut bien comprendre l’objectif des listes qui n’était pas de déterminer la culpabilité d’une personne. Tout ce que la liste dit, c’est qu’une personne qui s’y trouve étant donné qu’elle est placée dans la catégorie numéro un des suspects du génocide n’a pas le droit de bénéficier du programme de confession.
Il termine en nous disant qu’on ne peut pas faire des conclusions générales sur les listes, mais que ce qu’il faudrait faire pour établir la vérité serait d’évoquer les personnes au cas par cas et que c’est seulement là il pourrait être en mesure de répondre si dans tel cas concret, telle personne a été indument placée sur la liste.
« Le pouvoir judiciaire au Rwanda est utilisé par le gouvernement du FPR afin de faire taire l’opposition. »
Lorsqu’on lui demande ensuite son commentaire au sujet de la loi de 2008 sur l’idéologie du génocide, il nous dit qu’au Rwanda, il y’a une tendance à utiliser des lois telles que celle-là, et celle sur le divisionnisme afin de faire taire toute voix critique. Il nous dit que même lui a été accusé de divisionnisme et d’idéologie du génocide. Il rejoint les conclusions des organisations de défense des Droits de l’Homme selon lesquelles le pouvoir judiciaire au Rwanda est utilisé par le gouvernement du FPR pour faire taire l’opposition.
Interrogé ensuite au sujet de la démocratie Rwanda, Gerald Gahima est catégorique, il n’y a pas de démocratie au Rwanda. Il nous explique qu’après la guerre et le génocide en 1994, il avait été convenu qu’une période de transition de 5 ans avait été mise en place afin d’arriver à la démocratie, période qui avait par la suite été prolongée de 4 ans.
Au lieu d’une transition vers la démocratie, cette transition a selon lui renforcé la dictature au Rwanda. Il rajoute que le Rwanda est un pays contrôlé par le FPR et que le FPR lui-même n’est pas démocratique et qu’il est contrôlé par Kagame. Ce même Kagame qui contrôle également le gouvernement, le parlement et même le pouvoir judiciaire et il souligne qu’au Rwanda, Il n y’a pas d’opposition, pas d’espace politique.
Au sujet de la situation des Droits de l’Homme, son constat est sans appel. Il n’ya aucun doute que la situation des Droits de l’homme s’est améliorée comparée à ce qu’elle était en 1994,95,96 ou 97. Mais la situation reste fortement inquiétante, et il donne l’exemple des services de sécurité qui si ils estiment que vous êtes un opposant au gouvernement, peuvent vous faire disparaitre, vous torturer ou encore vous tuer, sans que personne ne leur demande des comptes.
«La réconciliation n’est pas un processus à un sens, si le gouvernement prétend qu’il y’a eu la réconciliation, mais que vous tous êtes encore à l’extérieur, il est évident que la réconciliation n’a pas eu lieu car une réconciliation est bilatérale. »
Interrogé ensuite au sujet de la réconciliation. Il nous répond que la réconciliation n’est pas un processus à un sens. Il n’appartient pas au gouvernement de déclarer que la réconciliation a eu lieu. Car si le gouvernement prétend qu’il y’a eu la réconciliation, mais que vous tous êtes encore à l’extérieur, il est évident que la réconciliation n’a pas eu lieu car une réconciliation est bilatérale.
Les raisons de cet échec, sont pour lui nombreuses, le gouvernement n’a jamais traité certaines questions fondamentales, comme les violations des Droits de l’Homme perpétrées par le FPR contre les Hutu, la question du partage du pouvoir, la présence de groupes armés dans d’autres pays etc…
Interrogé sur sa perception du dialogue inter rwandais ultra inclusif, il nous répond qu’il la soutient, que c’est une initiative louable. La mettant en comparaison avec le ton du discours de Kagame dans le cadre des assises nationales du dialogue, il constate que le ton utilisé par Kagame n’est pas celui d’un homme qui désire le dialogue avec l’opposition.
Lorsque vient la question du développement, il nous dit que depuis 1994, des efforts certains ont été entrepris dans ce domaine. Il considère que c’est un miracle au regard des événements de 1994 que la Rwanda ne soit pas un état défaillant. Il nuance toutefois ce développement, en disant qu’il n’a favorisé qu’une minorité de la population et que certains éléments indiquent que l’écart entre les riches et les pauvres s’intensifie.
Comparant, ce développement à celui sous Habyarimana, il rappelle qu’à cette époque, le gouvernement avait déjà une haute réputation parmi les donneurs. Ce qu’il amène à conclure que les problèmes du Rwanda sont en réalité liés à la gouvernance et non au développement et tant que les problèmes qui ont miné le Rwanda ne sont pas résolus, le développement tel qu’on le connait peut être détruit en une brève période de temps.
Il dit qu’en réalité le problème qui gangrène le Rwanda n’a pas été résolu malgré le développement qu’on connait. Il souligne ce développement n’est pas viable tant que les problèmes du conflit n’ont pas été résolus.
« Le Burundi est malgré les apparences de loin plus avancé que le Rwanda car les burundais ont réussi à mettre à plat les problèmes ayant été à l’origine du conflit ».
Comparant pour illustrer cette assertion le Rwanda au Burundi, il dit que selon lui, le Burundi est de loin plus avancé que le Rwanda car les burundais ont réussi à mettre à plat leurs problèmes. Même si à vu d’œil le Rwanda est plus développé que le Burundi, la viabilité du développement du Burundi est plus certaine qu’au Rwanda.
Interrogé au sujet de la marginalisation des Hutus, il précise d’emblée que Kagame essaye de l’opposer aux Tutsi en prétendant qu’il s’est fait le porte parole des Hutu. Il rappelle que malgré les déclarations de Kagame, leur intention n’a jamais été et n’est pas de blâmer les Tutsi pour les défaillances du FPR.
Il précise que pour eux, le gouvernement du Rwanda n’est pas un gouvernement de Tutsi mais le gouvernement d’un Homme qui s’avère être un tutsi, même si le petit groupe qui entoure cet homme est composé de Tutsi.
Ce qu’ils ont voulu dire par la marginalisation des Hutu est qu’étant donné que le système n’est pas très démocratique, les membres de la communauté Tutsi ont plus facilement accès à ce petit groupe qui détient le pouvoir et ont par là un accès plus aisé, aux privilèges, aux bourses, aux jobs etc…
A propos de la marginalisation de certains Tutsi également évoquée dans leur document, il répond qu’en réalité c’est la majorité des Tutsi qui sont exclus du système et il nous précise que la solution à ce problème d’exclusion pour lui n’est pas que quelques Hutu participent à la dictature mais que Hutu et Tutsi puissent vivre dans un pays ou ils bénéficient de l’égalité, vivre dans un pays qui n’exclut personne.
« Si il y’avait la guerre au Rwanda, Kagame tuerait autant de personnes que nécessaire pour assurer sa victoire »
Interrogé au sujet de l’effrayante perspective de voir à nouveau du sang versé au Rwanda, il nous dit que ce risque est réel si la force devait être utilisée pour aboutir au changement.
Si un groupe armé attaquait le Rwanda, il nous dit que de ce qu’ils savent de leur expérience, Kagame tuerait autant de personnes qu’il sera nécessaire pour assurer sa victoire car il se fiche des conséquences.
Il nous demande également d’imaginer ce qui pourrait se passer à l’encontre des Tutsi, si Kagame était renversé par la violence, eu égard au fait que des personnes ont la fausse impression que l’oppression dont ils sont victimes est le fait des Tutsi en général et non d’un petit groupe de Tutsi ne représentant en rien la majorité.
Il pense qu’il est temps que les gens puisent travailler ensemble afin de construire un avenir commun au lieu de chercher à résoudre nos problèmes par la violence.
Interrogé ensuite au sujet des rumeurs faisant état d’une éventuelle guerre entrain d’être préparée par des membres de son parti, il dément et nous fait savoir qu’ils n’ont aucun contact avec les FDLR ou le CNDP, car ils ne croient pas à la violence, conscients des coûts que cela impliquerait. Ils désirent un changement de la situation par des moyens pacifiques.
L’interview se termine par des questions au sujet des objectifs de leur parti, leurs objectifs nous dit-il sont d’apporter la paix, la liberté et le progrès au Rwanda. Leurs objectifs sont d’être surs que le conflit du Rwanda est résolu par des moyens pacifiques. Ce que le FPR et le président Kagame n’ont pas su faire et n’ont d’ailleurs pas intérêt à faire.
Interrogé au sujet des solutions concrètes qu’ils proposent, il nous répond qu’il est possible de pousser le gouvernement à discuter par différentes stratégies qui sont ; la mobilisation des Rwandais aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, le rassemblement de toutes les personnes qui se battent pour un changement pacifique ainsi que la mobilisation de la communauté internationale, pas seulement les gouvernements mais aussi la société civile qui peuvent jouer un rôle positif pour faire pression sur le gouvernement du Rwanda pour respecter les Droits de l’Homme.
Il nous dit que même si des personnes comme Victoire Ingabire étaient autorisées à mener des activités politiques au Rwanda, ce ne serait pas possible pour eux de fonctionner si la machine répressive du régime reste en place. La communauté internationale doit des lors faire pression sur le gouvernement pour respecter les Droits fondamentaux.
Lorsque nous lui demandons s’il est optimiste, il nous répond que le processus sera difficile, que cela demande des sacrifices mais des sacrifices qui valent la peine.
« A moins d’un changement, les violences qu’on a connus entre 1994 et 1997 risquent de se reproduire. »
Il nous dit, que lui-même est ses collègues croient avec tout leur cœur qu’ à moins qu’il y’ait un changement, des violences telles que le Rwanda a connues entre 1994 et 1997 des deux côtés, est une réelle possibilité et que c’est une responsabilité d’avertir les gens et la communauté internationale sur ce risque afin qu’ils puissent prévenir à temps ces violences.
Ruhumuza Mbonyumutwa
Rwanda : Le point de vue de Gerald Gahima en Anglais (1/2)
POINT DE VUE (Interview with Gerald Gahima in English by Ruhumuza Mbonyumutwa : 1/2) from JamboNewsTV (JNTV)
Rwanda : Le point de vue de Gerald Gahima en Anglais (2/2)
POINT DE VUE (Interview with Gerald Gahima in English by Ruhumuza Mbonyumutwa : 2/2) from JamboNewsTV (JNTV)
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