Kigali, le 1er Octobre 2010
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
RAPPORT MAPPING SUR LA RDC: LES VICTIMES CRIENT JUSTICE
Après une longue attente, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme (UNHCHD) a publié son rapport final portant sur les crimes horribles qui ont été commis entre autres par l'Armée Patriotique Rwandaise (APR), contre les réfugiés Hutu rwandais en République Démocratique du Congo (DRC) de 1996 à 2003. Bien que toute justice retardée équivaille à un déni de justice, nous saluons le courage de l’ONU, pour avoir résisté à la pression éhontée du gouvernement du président Kagame et de ses lobbies, afin d’étouffer ou édulcorer ce rapport.
En publiant le rapport, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme a honoré le mandat qui lui a été accordé par l'Assemblée Générale en tant qu'organe indépendant de l'ONU pour œuvrer à la promotion et la protection des droits de l'homme, et pour la mise en œuvre du programme des droits humains au sein de l'ONU. La qualification juridique des atrocités est claire et les faits sont si éloquents que quelque chose doit être fait.
Il est assez choquant de voir les forces négatives s’atteler à minimiser les crimes qui ont frappé, selon des ONG, des millions de citoyens de la RDC et plus de 300.000 réfugiés hutus, en spéculant sur le mot «génocide», comme si tous les crimes contre l'humanité ne doivent pas être punis. Quelle que soit la qualification juridique, les crimes énumérés font tellement froid au dos que leurs auteurs devraient être poursuivis sans tergiversations.
1. Les massacres de Srebrenica en Juillet 1995 ont conduit en prison Milosevic, Karadzic et bien d’autres dirigeants Serbes. Pourtant, selon les archives de l'ONU, les victimes ont été estimées entre 6.000 et 8.000.
2. Le leader de l'UPC, Thomas Lubanga a été arrêté et inculpé par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour les crimes mineurs d'enrôlement et utilisation d'enfants soldats. Cela a été fait sous la pression de certaines puissances qui sont aujourd'hui très réticentes à poursuivre les dirigeants rwandais.
3. L'assassinat de Rafik Hariri au Liban a poussé les Nations Unies à créer un tribunal spécial.
D’aucuns se demanderaient pourquoi les crimes de l'Armée Patriotique Rwandaise ne peuvent pas être exposés et faire objet de poursuites judiciaires?
Le rapport affirme sans équivoque que les massacres ont été systématiques, sélectifs, méthodiques et réalisés sur une longue période de temps si bien qu'ils ne peuvent être qualifiés de dommages collatéraux. Rien ne peut justifier les massacres d'enfants, des femmes et des personnes âgées, ni la réduction de leurs corps en cendres. Prétendre qu'il y avait des éléments des ex-forces gouvernementales parmi les réfugiés ne donne pas à l’APR un feu vert pour des massacres d'une telle gravité.
La réaction du gouvernement rwandais déposée à Genève à la veille de la publication de ce rapport est sadique et trompeuse:
- Le gouvernement rwandais ne nie pas sa responsabilité dans ces tueries massives et à grande échelle. Au contraire, il les considère comme «légitime défense contre les auteurs du génocide de 1994» (Paragraphe 14). Certaines de ces tueries ont eu lieu dans la localité de Mbandaka, située à plus de 2.000 km à l'Ouest de la DRC. Il est ainsi difficile de croire que des victimes constituaient une menace pour la sécurité du Rwanda.
- Le gouvernement rwandais lie également l'invasion de la RDC aux «attaques transfrontalières». Les attaques contre les camps des réfugiés ont commencé le jour même de l'entrée des troupes de l’APR dans la ville de Gisenyi, le 18 juillet 1994. En effet, des obus de mortier ont atterri au milieu des foules de réfugiés qui avaient été regroupés dans les environs de l'aéroport de Goma. Aussitôt l'aéroport a dû être fermé. Il en a été de même de l'incursion de l'APR dans la localité de Birava au Sud-Kivu en 1995. L’hypothèse de la légitime défense trahit plutôt un crime bien planifié et prémédité.
- La prétention par l’actuel régime au Rwanda d'avoir envahi la RDC pour «sauver ses ressortissants et de faciliter leur retour et la réintégration» (Paragraphe 14) est une autre supercherie. Il existe des rapports fiables sur les assassinats ciblant certains rapatriés dans les différentes régions du Rwanda. C'est le cas notamment du regretté évêque catholique Phocas Nikwigize de Ruhengeri qui a disparu à la frontière de Gisenyi. En outre, l’agression militaire contre les camps des réfugiés est un crime grave de droit humanitaire.
Ne pas traduire en justice les planificateurs et les auteurs de ces crimes, soit pour des raisons égoïstes et fausses de ne pas perturber la mission onusienne de maintien de la paix au Darfour (Soudan), ou pour la stabilité régionale, donnera du feu vert au militarisme et la violence comme moyen d'atteindre des objectifs politiques.
Les braises de la haine et la méfiance ne seront pas éteintes aussi longtemps qu’au Rwanda il y aura une justice de deux poids deux mesures.
Lorsque le Conseil de Sécurité de l’ONU a mis en place deux tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie, il considérait la recherche de la vérité et la sanction pénale comme préalables essentiels pour la réconciliation et le maintien et/ou le rétablissement de la paix (Paragraphe 1010 du rapport). Les FDU-INKINGI sont entièrement d'accord avec cette position et attendent de l'Organisation des Nations Unies de garder cela à l'esprit. Il n'y aura pas de paix ni de développement durable dans la région des Grands Lacs Africains en général et au Rwanda en particulier, aussi longtemps qu’il n’y aura pas une justice équitable et un programme équitable en vue d’éradiquer l'impunité.
Toutes les victimes crient justice et réhabilitation. Les FDU-INKINGI exhortent le Conseil de Sécurité de l’ONU en particulier, à honorer ses obligations internationales de réprimer le génocide et les crimes contre l'humanité, y compris la création d'un tribunal international approprié pour punir les coupables au sein de l'actuel régime rwandais et réhabiliter les victimes de ces crimes absolus. Un régime accusé de telles atrocités n'a plus aucune légitimité morale pour diriger un pays, sans parler du fait qu'il a totalement fermé l'espace politique à des opposants et par les élections injustes qui ont été marquées par les assassinats politiques des leaders de l'opposition et des journalistes indépendants. Par conséquent, nous appelons l'ONU à prendre le rapport comme une question d'urgence et de veiller à ce qu'un mécanisme judiciaire international soit mis en place. Dans le cas contraire, l'ONU aura trahi son mandat.
Mme Victoire INGABIRE UMUHOZA
FDU-INKINGI
Présidente
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
RAPPORT MAPPING SUR LA RDC: LES VICTIMES CRIENT JUSTICE
Après une longue attente, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme (UNHCHD) a publié son rapport final portant sur les crimes horribles qui ont été commis entre autres par l'Armée Patriotique Rwandaise (APR), contre les réfugiés Hutu rwandais en République Démocratique du Congo (DRC) de 1996 à 2003. Bien que toute justice retardée équivaille à un déni de justice, nous saluons le courage de l’ONU, pour avoir résisté à la pression éhontée du gouvernement du président Kagame et de ses lobbies, afin d’étouffer ou édulcorer ce rapport.
En publiant le rapport, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme a honoré le mandat qui lui a été accordé par l'Assemblée Générale en tant qu'organe indépendant de l'ONU pour œuvrer à la promotion et la protection des droits de l'homme, et pour la mise en œuvre du programme des droits humains au sein de l'ONU. La qualification juridique des atrocités est claire et les faits sont si éloquents que quelque chose doit être fait.
Il est assez choquant de voir les forces négatives s’atteler à minimiser les crimes qui ont frappé, selon des ONG, des millions de citoyens de la RDC et plus de 300.000 réfugiés hutus, en spéculant sur le mot «génocide», comme si tous les crimes contre l'humanité ne doivent pas être punis. Quelle que soit la qualification juridique, les crimes énumérés font tellement froid au dos que leurs auteurs devraient être poursuivis sans tergiversations.
1. Les massacres de Srebrenica en Juillet 1995 ont conduit en prison Milosevic, Karadzic et bien d’autres dirigeants Serbes. Pourtant, selon les archives de l'ONU, les victimes ont été estimées entre 6.000 et 8.000.
2. Le leader de l'UPC, Thomas Lubanga a été arrêté et inculpé par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour les crimes mineurs d'enrôlement et utilisation d'enfants soldats. Cela a été fait sous la pression de certaines puissances qui sont aujourd'hui très réticentes à poursuivre les dirigeants rwandais.
3. L'assassinat de Rafik Hariri au Liban a poussé les Nations Unies à créer un tribunal spécial.
D’aucuns se demanderaient pourquoi les crimes de l'Armée Patriotique Rwandaise ne peuvent pas être exposés et faire objet de poursuites judiciaires?
Le rapport affirme sans équivoque que les massacres ont été systématiques, sélectifs, méthodiques et réalisés sur une longue période de temps si bien qu'ils ne peuvent être qualifiés de dommages collatéraux. Rien ne peut justifier les massacres d'enfants, des femmes et des personnes âgées, ni la réduction de leurs corps en cendres. Prétendre qu'il y avait des éléments des ex-forces gouvernementales parmi les réfugiés ne donne pas à l’APR un feu vert pour des massacres d'une telle gravité.
La réaction du gouvernement rwandais déposée à Genève à la veille de la publication de ce rapport est sadique et trompeuse:
- Le gouvernement rwandais ne nie pas sa responsabilité dans ces tueries massives et à grande échelle. Au contraire, il les considère comme «légitime défense contre les auteurs du génocide de 1994» (Paragraphe 14). Certaines de ces tueries ont eu lieu dans la localité de Mbandaka, située à plus de 2.000 km à l'Ouest de la DRC. Il est ainsi difficile de croire que des victimes constituaient une menace pour la sécurité du Rwanda.
- Le gouvernement rwandais lie également l'invasion de la RDC aux «attaques transfrontalières». Les attaques contre les camps des réfugiés ont commencé le jour même de l'entrée des troupes de l’APR dans la ville de Gisenyi, le 18 juillet 1994. En effet, des obus de mortier ont atterri au milieu des foules de réfugiés qui avaient été regroupés dans les environs de l'aéroport de Goma. Aussitôt l'aéroport a dû être fermé. Il en a été de même de l'incursion de l'APR dans la localité de Birava au Sud-Kivu en 1995. L’hypothèse de la légitime défense trahit plutôt un crime bien planifié et prémédité.
- La prétention par l’actuel régime au Rwanda d'avoir envahi la RDC pour «sauver ses ressortissants et de faciliter leur retour et la réintégration» (Paragraphe 14) est une autre supercherie. Il existe des rapports fiables sur les assassinats ciblant certains rapatriés dans les différentes régions du Rwanda. C'est le cas notamment du regretté évêque catholique Phocas Nikwigize de Ruhengeri qui a disparu à la frontière de Gisenyi. En outre, l’agression militaire contre les camps des réfugiés est un crime grave de droit humanitaire.
Ne pas traduire en justice les planificateurs et les auteurs de ces crimes, soit pour des raisons égoïstes et fausses de ne pas perturber la mission onusienne de maintien de la paix au Darfour (Soudan), ou pour la stabilité régionale, donnera du feu vert au militarisme et la violence comme moyen d'atteindre des objectifs politiques.
Les braises de la haine et la méfiance ne seront pas éteintes aussi longtemps qu’au Rwanda il y aura une justice de deux poids deux mesures.
Lorsque le Conseil de Sécurité de l’ONU a mis en place deux tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie, il considérait la recherche de la vérité et la sanction pénale comme préalables essentiels pour la réconciliation et le maintien et/ou le rétablissement de la paix (Paragraphe 1010 du rapport). Les FDU-INKINGI sont entièrement d'accord avec cette position et attendent de l'Organisation des Nations Unies de garder cela à l'esprit. Il n'y aura pas de paix ni de développement durable dans la région des Grands Lacs Africains en général et au Rwanda en particulier, aussi longtemps qu’il n’y aura pas une justice équitable et un programme équitable en vue d’éradiquer l'impunité.
Toutes les victimes crient justice et réhabilitation. Les FDU-INKINGI exhortent le Conseil de Sécurité de l’ONU en particulier, à honorer ses obligations internationales de réprimer le génocide et les crimes contre l'humanité, y compris la création d'un tribunal international approprié pour punir les coupables au sein de l'actuel régime rwandais et réhabiliter les victimes de ces crimes absolus. Un régime accusé de telles atrocités n'a plus aucune légitimité morale pour diriger un pays, sans parler du fait qu'il a totalement fermé l'espace politique à des opposants et par les élections injustes qui ont été marquées par les assassinats politiques des leaders de l'opposition et des journalistes indépendants. Par conséquent, nous appelons l'ONU à prendre le rapport comme une question d'urgence et de veiller à ce qu'un mécanisme judiciaire international soit mis en place. Dans le cas contraire, l'ONU aura trahi son mandat.
Mme Victoire INGABIRE UMUHOZA
FDU-INKINGI
Présidente
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