Africa Great Lakes Democracy Watch



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Saturday, September 4, 2010

Ces criminels qu'on protège


Reportons-nous au Rwanda en juillet 1994. Les troupes tutsies du Front patriotique rwandais ont pris la capitale Kigali et poursuivent les derniers éléments de l'armée et du gouvernement hutus. Dans leur fuite vers le Zaïre voisin, les génocidaires, maniant menaces, propagandes et rêves de vengeance, entraînent avec eux 2 millions de Hutus. Sur les routes du nord qui mènent à Goma ou du sud en direction de Bukavu, il y a bien sûr des milliers d'individus qui ont participé au génocide, mais pour l'essentiel, ce sont des hommes, des femmes, des enfants apeurés et surtout innocents. Entassés dans des camps du Kivu, ces Hutus vivront péniblement sous la coupe cruelle des chefs et des principaux exécutants du génocide, tout à leur désir de retourner combattre l'autorité tutsie, maintenant solidement installée. L'année suivante, environ un million de réfugiés effectueront le même trajet en sens inverse, décidant de retourner sur leur colline d'origine.

À Kigali, on dit que ceux qui ont choisi de rester dans les camps prouvent ainsi qu'ils sont solidaires des génocidaires, si tant est qu'ils n'ont pas pris part au génocide. Ils eussent mieux fait de rentrer au Rwanda, car des centaines de milliers d'entre eux seront par la suite victimes de «crimes contre l'humanité, de crimes de guerre, voire de génocide».

Cette accusation est contenue dans le premier rapport exhaustif des violences perpétrées dans l'ex-Zaïre entre 1993 et 2003. Ce diagnostic implacable de plus de six cents pages est extrait d'un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), dont le journal Le Monde a obtenu copie. Le gouvernement rwandais fait tout pour empêcher la publication du rapport et a même menacé l'ONU de mettre un terme à sa participation à la force de l'ONU stationnée au Darfour.

On comprend la crainte du Rwanda, dont les autorités se drapent sans cesse dans le drapeau ensanglanté du génocide pour justifier tous leurs excès et leurs crimes. Car dans ce rapport, même si le Rwanda n'est pas le seul coupable identifié dans les violences qui firent en RDC au moins quatre millions de victimes, il est pointé du doigt comme étant le principal État criminel.

***

En 1996, c'est à Kigali que le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi s'allient à l'opposant Laurent-Désiré Kabila, qui veut renverser Mobutu. L'Armée patriotique rwandaise sera la principale composante de l'Alliance démocratique pour la libération du Congo, et pour Kagamé, cette entreprise, qui ne déplaît pas à la communauté internationale, constitue l'occasion rêvée de régler le problème hutu en RDC. Pour rédiger son rapport, le HCDH a rencontré des centaines de témoins et il multiplie les exemples de massacres, surtout en 1996, dont la majorité, sinon la totalité, des victimes étaient des réfugiés hutus: dans le village du Luberezi, 200 hommes qu'on avait rassemblés sous prétexte de les rapatrier au Rwanda; à Bwegera, 72 réfugiés rwandais brûlés vifs; à Tebero, 760 victimes; à Kinigi, 310 civils, dont une majorité de femmes, de malades et d'enfants. Les exemples sont nombreux qui témoignent que les victimes du génocide de 1994 avaient bien appris les méthodes des génocidaires et qu'ils les appliquaient sans état d'âme et la une même détermination planifiée que les Hutus en 1994.

Déjà, de Kigali, on pousse des cris scandalisés à cette évocation des massacres et on taxe ceux et celles qui véhiculent ces informations de «négationnisme», l'ultime excommunication que Kagamé ne manque pas de brandir en toutes circonstances.

Les puissances occidentales, bien au fait des dérives rwandaises en RDC, toujours noyées dans les «larmes de l'homme blanc», n'osent pas reconnaître pour ce qu'il est le régime de Kigali: un régime criminel qui par la suite, en RDC, par exemple en Ituri, se livra à un pillage systématique des ressources minières de la région et qui, à l'intérieur, se sert du génocide pour neutraliser parfois violemment toute tentative d'opposition. Et on peut parier que les tentatives d'édulcorer le rapport qui doit paraître d'ici peu seront nombreuses.

En même temps qu'on pouvait lire ces informations accablantes, on pouvait aussi admirer le sourire triomphant du président du Soudan, Omar el-Béchir, venu célébrer à Nairobi la nouvelle constitution du Kenya, même s'il fait l'objet d'un mandat d'arrestation de la Cour pénale internationale et que le Kenya, en tant que signataire du traité de Rome, était tenu de procéder à son arrestation. La chose est d'autant plus ironique que le Kenya a reconnu la compétence de la CPI en l'autorisant à mener une enquête sur les violences politiques qui se sont déroulées dans le pays lors des dernières élections en 2007.

Paradoxalement, les États-Unis, qui refusent de reconnaître la CPI, ont dénoncé le laxisme des Kényans. Ceux-ci ont évoqué la paix régionale et le consensus africain pour justifier l'accueil chaleureux réservé à celui que la CPI veut poursuivre pour génocide. Voilà deux grands criminels qui ne craignent rien: Paul Kagamé, chouchou des Occidentaux, et el-Béchir, qui fait partie du club complice des chefs d'État africains, l'Union africaine, qui au nom de son unité à toujours préféré les criminels aux victimes. Il n'est pas anodin de rappeler que l'UA est présidée cette année par le très démocrate Kadhafi.

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