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Monday, August 30, 2010

Au Nord-Kivu, les rescapés de Kiringa n’ont rien oublié

Dans cette localité du Nord-Kivu, peuplée principalement de Hutus, plusieurs centaines de civils ont été exécutés de manière systématique

Quatorze ans après, Zacharie (1) n’a rien oublié. « Quand je me souviens de ces événements, je deviens inerte, dit ce cultivateur de 36 ans. J’avais beaucoup d’amis, ils ne sont plus. » Les « événements », c’est le massacre, en 1996, de la majeure partie des habitants de sa localité, Kiringa, située en périphérie de la ville de Rutshuru, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Kiringa est essentiellement peuplée de Hutus congolais, dont beaucoup descendent de Rwandais transférés au Kivu par les colons belges durant la première moitié du XXe siècle. Certains appartiennent à des familles de militaires, car la colline abritait un camp des forces armées zaïroises.

« En 1996, quand les militaires tutsis sont venus, on a fui dans les champs, explique Zacharie, qui avait 22 ans à l’époque. Ils ont envoyé des émissaires pour nous inciter à rentrer au village. Nous sommes alors revenus en groupe. Le matin du 30 octobre, on nous a convoqués à une réunion obligatoire. Les militaires nous ont fait monter tous ensemble jusqu’au bâtiment du parc national Albert, en haut de la colline. Après des heures d’attente à l’intérieur, on a dit qu’on voulait sortir, mais les militaires nous en empêchaient. Ils étaient nombreux et encerclaient le bâtiment. »

« Avec un marteau, ils frappaient les gens derrière la tête »

Dans l’après-midi, les militaires procèdent au recensement des personnes retenues et demandent aux personnes d’ethnie Nande de rentrer chez elles. Ils séparent ensuite les hommes des femmes, au motif que ces dernières doivent aller préparer le repas. Elles sont conduites jusqu’à la maison de la poste, où elles sont exécutées.

Les hommes hutus sont toujours enfermés. « Le soir, les Rwandais ont dit que nous étions les bandits qu’ils recherchaient les Interahamwe (NDLR : génocidaires hutus rwandais), poursuit Zacharie. Vers 19 heures, ils nous ont fait retirer nos chemises pour couvrir nos visages et ligoter nos bras. Puis des militaires conduisaient les personnes deux par deux au bord d’un grand trou, derrière l’actuel hôpital militaire. Avec un marteau, ils frappaient les gens derrière la tête. Les victimes criaient une fois et c’était tout. »

Redoutant le sort qui l’attend, Zacharie parvient, avec six autres adolescents, à se dissimuler dans le faux plafond du bâtiment. Au milieu de la nuit, il réussit à s’enfuir et se cache dans un champ. « Après sept jours, on a su que des gens avaient pu revenir au village sans être inquiétés, donc on est rentrés, dit-il. Les Rwandais n’étaient plus là, mais on avait toujours peur des militaires. »

Il apprend alors que toute sa belle-famille – beau-père, belle-mère, beaux-frères, belles-sœurs – a perdu la vie. Une autre villageoise, Fortunée, vit à quelques mètres de la fosse où ont été jetés les corps de pratiquement toute sa belle-famille. « Mes beaux-parents avaient sept enfants, relate-t-elle. Deux seulement, dont mon mari, ont pu échapper au massacre, l’un parce qu’il gardait les chèvres, l’autre parce qu’il a pu se cacher. »

Des membres de l'actuelle armée congolaise, anciens bourreaux

Selon l’ONU, « 350 civils au moins » auraient été tués en 1996 à Kiringa. Mais, à en croire un journaliste local ayant enquêté sur les massacres de 1996, ce chiffre pourrait se monter à 850. La plupart des corps sont toujours là. Des rubans colorés et des barbelés posés par la force de l’ONU en RDC signalent ici une fosse commune, là une ancienne fosse septique où furent jetés des corps.

Comme souvent au Nord-Kivu, les familles tutsies du village avaient envoyé leurs fils se joindre aux rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), qui avaient pris le pouvoir en 1994, mettant fin au génocide des Tutsis. Selon plusieurs témoins, ce sont des jeunes Tutsis originaires de Kiringa qui, en 1996, commandaient les massacres dans leur propre village. « Ceux qui sont venus nous tuer, nous les avons revus en tant qu’officiers du Congrès national pour la défense du peuple (NDLR : rébellion soutenue par le Rwanda créée ultérieurement), assure Clément, 30 ans. Et ils sont aujourd’hui dans l’armée congolaise », à la suite de l’intégration des ex-rebelles en son sein en 2009.

Les massacres de 1996 ne furent que les premiers d’une longue série de malheurs liés aux guerres successives au Nord-Kivu. Comme le dit un jeune du village, « ici, on est habitués à souffrir ». Pourtant, la banalisation de la violence, l’accumulation du malheur n’effacent rien : les rescapés témoignent et sont conscients d’avoir vécu, en 1996, un drame d’une ampleur indescriptible.

1 comment:

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