Chers amis,
Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2012, une année de bonne santé et de courage comme celui qu'ont manifesté Etty Hillesum à qui j'adresse mes voeux.
Chère Etty,
En ce réveillon 2012, acceptez que je puisse louer
votre bravoure d'avoir su "oser la vie" et défendre le refus de
l'inéluctable déchéance à laquelle on voudrait bien nous condamner sans
procès.
J'ai fait connaissance de ton oeuvre qui parle de la souffrance du traqué, non en langue de la haine et pour le commerce de l'idéologie d'un peuple béni, mais de l'humanité blessée et de la "vie brisée": "Une vie bouleversée". Et j'ai trouvé en toi mon identité, notre identité. Elle se décline ainsi: Nous sommes ces hommes et femmes à la vie brisée.
J'ai fait connaissance de ton oeuvre qui parle de la souffrance du traqué, non en langue de la haine et pour le commerce de l'idéologie d'un peuple béni, mais de l'humanité blessée et de la "vie brisée": "Une vie bouleversée". Et j'ai trouvé en toi mon identité, notre identité. Elle se décline ainsi: Nous sommes ces hommes et femmes à la vie brisée.
"Je connais l'air traqué des gens" (car nous sommes
nous-mêmes traqués, vous le savez, par la Grande Traque de ... ces
procureurs du pouvoir de Kigali en Occident). Je connais "l'accumulation
de la souffrance humaine, je connais les persécutions, l'oppression,
l'arbitraire (car nous sommes jugés et condamnés à la mort sociale faute
de peine capitale abolie sur papier par les pouvoirs iniques), la
haine impuissante et tout ce sadisme" d'un pouvoir qui sévit
impunément.
Il y a parmi nous ceux qui ont refusé d'abdiquer leur volonté "devant un régime qui traite ainsi les êtres humains".
Puissiez-vous, chère Etty, nous inspirer le courage
et la méthode de cheminer vers la vraie réconciliation et obtenir la
victoire de la vérité sur le mensonge dans ce monde où semble regner
l'intolérance, la violence et l'injustice.
Lionel répondant à l'article de Cheuzeville a écrit
ce matin : « Toute liberté à un prix ! Seuls certaines personnalités
"hors du commun", ont eu cette grâce particulière de montrer, avec
obstination, courage et au mépris de leur propre existence, la voie de
l'honneur d'être d'un Homme. Ils ont eu aussi ce charisme d'agréger
autour d'eux les relais de l'espérance, porteurs de cette flamme qui
avait été entretenue et qui leur avait été transmise. Courage Madame
Victoire Ingabire à qui je souhaite du fond du coeur la plus belle des
années, 2012, celle qui doit voir se lever l'avenir d'un pays, de son
Peuple et de ses enfants, de quelques ethnies qu'ils soient ! »
Bien à vous, Eugène Rwamucyo. 31.12.2011
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Victoire Ingabire, la courageuse dame de Kigali
Victoire Ingabire Umuhoza
est une femme rwandaise de 43 ans, mère de trois enfants. Elle vient
de passer son deuxième Noël consécutif dans une geôle du Rwanda. Son
procès est en cours, à Kigali. Son crime ? Celui d’avoir osé défier le
pouvoir sans partage de l’homme implacable qui préside aux destinées de
ce petit pays d’Afrique centrale depuis la fin de l’épouvantable
guerre qu’il avait lui-même déclenché. Cet homme, on l’aura compris,
c’est le général-président Paul Kagame, responsable en outre de deux
guerres d’invasion et de pillages qui firent des millions de morts dans
le grand pays voisin, le Congo/Zaïre.
Victoire aurait pu continuer à vivre
tranquillement aux Pays-Bas, où elle fit ses études supérieures et où
elle menait une brillante carrière au sein d’une grande société.
Cependant, même loin de son pays natal, elle se souciait de la
situation qui y prévalait. Elle s’est engagée au sein de l’opposition à
la dictature, très active au sein de la diaspora rwandaise. En avril
2006, elle fut élue présidente du Front Démocratique Uni, une plateforme
rassemblant tous les mouvements opposés au régime de Kagame et de son
Front Patriotique Rwandais. Cet engagement politique croissant l’amena à
quitter son emploi pour tenter d’aller mener le combat pour la
démocratie au Rwanda même. Ce retour à Kigali, en janvier 2010, après
seize années d’exil, marqua le début d’un harcèlement incessant qui
tourna à la persécution et qui la conduisit finalement en prison.
Quelques jours après son arrivée, elle se rendit au mémorial du
génocide, ou elle demanda que tous les perpétrateurs de crimes de masse
soient traduits en justice, y compris ceux appartenant au pouvoir
actuel. Elle osa en outre revendiquer le droit à la mémoire pour toutes
les victimes du génocide. Cela lui valut une première arrestation,
avant d’être libérée le lendemain, tout en étant placée sous contrôle
judiciaire, avec interdiction de quitter la capitale. Une campagne fut
aussitôt lancée contre elle, l’accusant de « négationnisme » et de
« divisionnisme ». Elle ne se laissa pas intimider pour autant et
poursuivit sa tentative pour se présenter en candidate d’opposition aux
élections présidentielles d’août 2010.
Sans doute avait-elle sous-estimé la nature
profondément liberticide du régime de Kagame. Le dictateur ne pouvait
en aucun cas tolérer une opposition véritable et encore moins une voix
remettant en cause la version officielle de la tragique histoire
récente du pays. Pourtant, Victoire Ingabire ne pouvait pas ignorer le
sort réservé aux dissidents et aux opposants. Combien d’hommes
politiques n’ont-ils pas été liquidés par les tueurs de Kagame, tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, depuis 1994 ? Combien ont été
arrêtés et emprisonnés, sous l’habituelle accusation de négationnisme
ou de divisionnisme ? Combien d’étrangers, devenus des témoins gênants,
ont payé de leur vie le fait d’en savoir trop sur ce régime, et
d’avoir tenté d’informer
le monde ? Je pense en particulier à tous ces missionnaires assassinés
par les agents du pouvoir. Se souvient-on du père Claude Simard, tué
dans la nuit du 17 au 18 octobre 1994, ou de son compatriote le père
Guy Pinard, abattu alors qu’il célébrait la messe, sous le regard
horrifié de ses paroissiens, le 2 février 1997 ? Ce missionnaire
québécois avait eu le tort de connaître la vérité sur l’assassinat de
trois humanitaires espagnols de Médecins du Monde, ainsi que sur le
massacre de 80 habitants du village où il œuvrait. Je pense également
au père Vijeko Kuric, franciscain croate tué de sept balles, en pleine
rue, le 31 janvier 1998, et à tant d’autres encore. Ces religieux
étrangers connaissant parfaitement la langue de leurs ouailles sont
considérés avec suspicion par le dictateur Kagame.
Si des étrangers peuvent être ainsi supprimés, dans
l’impunité la plus totale, Victoire Ingabire devait être consciente
des risques qu’elle prenait, en tant que Rwandaise rentrant d’exil pour
défier le général-président. Sa candidature à l’élection
présidentielle ne fut pas validée, mais la « justice » rwandaise
continua cependant à s’acharner sur cette femme courageuse. Après
plusieurs mois de résidence surveillée, elle fut jetée en prison, le 14
octobre 2010, pour « organisation de groupe terroriste ». Elle y
croupit encore.
Paul Kagame, qui avait publiquement annoncé que sa
rivale serait arrêtée, quelques jours avant qu’elle soit effectivement
interpelée, n’a jamais hésité à s’impliquer directement aux côtés de
l’accusation. Il a depuis lors multiplié les allégations mensongères
contre cette femme bien incapable d’y répondre. Le 12 décembre dernier,
lors d’une visite officielle en Ouganda, le dictateur rwandais a osé
affirmer que Victoire Ingabire « avait en grande partie reconnu la plupart des accusations portées contre elle » à
savoir la trahison, le terrorisme et l'idéologie du génocide. Il
ajouta même que ses avocats l’avaient abandonnée, alors que cela
n’était pas le cas.
Tout cela n’a pas empêché qu’en France un tapis
rouge soit déroulé pour accueillir Paul Kagame, en septembre 2011. Ce
dictateur rwandais n’a eu pourtant de cesse, depuis son arrivée au
pouvoir, de s’en prendre justement à la France, allant jusqu’à accuser
ses dirigeants et les officiers de son armée d’avoir pris une part
active au génocide. Nicolas Sarkozy a-t-il évoqué le sort de la
courageuse opposante rwandaise, lors de ses entretiens avec Paul
Kagame ? Qu’il me soit permis d’en douter.
Victoire Ingabire a donc passé son second Noël en prison, vêtue de l’uniforme
rose que portent les prisonniers, au Rwanda. Ses partisans et ses amis
ne l’ont pourtant pas oubliée. De plus en plus, ils comparent la dame
de Kigali à une autre femme courageuse, Aung San Suu Kyi, connue dans
le monde entier pour son combat pacifique contre une dictature tout
aussi implacable. Victoire Ingabire semble faire preuve de la même
détermination à rétablir l’Etat de droit et la démocratie. Comme la
dame de Rangoon, elle est persuadée de venir un jour à bout de
l’arbitraire et de la dictature. Souhaitons-lui de devenir la prochaine
lauréate du Prix Nobel de la Paix, comme le fut Aung San Suu Kyi il y a
vingt ans.
Il est sûr que pour Victoire, même au fond de sa cellule, la victoire soit certaine !
Hervé Cheuzeville, 26 décembre 2011
(Auteur de trois livres: "Kadogo, Enfants des guerres d'Afrique centrale", l'Harmattan, 2003; "Chroniques africaines de guerres et d'espérance", Editions Persée, 2006; "Chroniques d'un ailleurs pas si lointain - Réflexions d'un humanitaire engagé", Editions Persée, 2010)
Cet attentat a couté la vie aux présidents du Rwanda et du Burundi et, ayant été le déclencheur du génocide, a permis la victoire totale du FPR. Il a vraisemblablement été préparé au CND et ces trois français dont la villa surplombait ce cantonnement avaient très probablement vu ce qu’il aurait fallu ne pas voir…….
Elle merite effectivement la medaille de la paix au niveau mondial.
http://www.youtube.com/watch?v=Ubrx3-7Q-DM&feature=player_embedded