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Sunday, September 12, 2010

L'ONU se penche sur les exactions commises au Congo

L'ONU se penche sur les exactions commises au Congo
Des populations déplacées attendent dans un village à Kalembe, à 120km au nord-ouest de Goma, le 4 février 2009. Les troupes des forces rwandaises de défense (RDF) ont avancé sur les positions des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) au cours d'une opération conjointe avec l'armée congolaise. L'objectif est de neutraliser les rebelles hutu rwandais basés en République démocratique du Congo. Les villageois ont commencé à fuir, anticipant des combats dans la zone.  
AFP/ LIONEL HEALING

Par l'Express

L'ONU réclame des mesures contre les viols de masse commis récemment dans le Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo. Et se penche sur la responsabilité du Rwanda dans les exactions perpétrées dans ce pays, dans les années 1990.

 
Le Conseil de sécurité des Nations unies a réclamé jeudi des mesures pour empêcher de nouveaux viols collectifs en République démocratique du Congo (RDC) après une série d'attaques commises entre le 30 juillet et le 3 août derniers dans l'est du pays.  
Des rebelles hutus rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, pays frontalier) et des miliciens Maï-Maï occupant la ville de Luvungi ont violé au moins 154 femmes et enfants, à cette période selon les chiffres de l'ONU. Les FDLR ont aussitôt nié toute implication.  
La mission onusienne a-t-elle tardé à réagir?

L'ONU met en cause le Rwanda pour des faits de "génocide"

Des ressortissants rwandais sont mis en cause pour des viols de masse commis en RDC voisine... mais pas seulement. Un rapport du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, révélé jeudi par le journal français Le Monde, se penche sur les exactions commises entre 1993 et 2003. Et estime que des faits de "génocide" ont pu y être perpétrés en 1996-98 par des militaires de l'Armée patriotique rwandaise (APR) ou des membres de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL),soutenue par le Rwanda.

Dans ce document de 600 pages, les enquêteurs de l'ONU estiment que "les attaques systématiques et généralisées révèlent plusieurs éléments accablants qui, s'ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide". Le rapport décrit "la nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques contre des Hutus réfugiés en RDC après la prise du pouvoir à Kigali du Front patriotique rwandais à majorité tutsie, après le génocide qui avait visé les membres de cette ethnie en 1994.  
Les membres du Conseil, saisi du sujet par les Etats-Unis et la France, ont critiqué la réponse tardive de la Monusco, la mission des Nations unies au Congo, qui dit n'avoir été informée de ces événements que plus d'une semaine après les faits. La Monusco, qui a une base à 30 km de Luvungi, a déclaré avoir été prévenue le 12 août par l'ONG International Medical Corps (IMC). Elle a expliqué qu'un barrage établi par la rébellion l'avait empêché d'être informée plus tôt.  
Roger Meece, récemment nommé à la tête de la mission, a déclaré mercredi que la force onusienne avait été mise au courant de mouvements rebelles dans le secteur le 31 juillet. Des patrouilles de la Monusco ont traversé Luvungi le 2 août, alors que les rebelles étaient encore présents dans la localité, et elles s'y sont rendues à nouveau le 9 août, sans que les habitants ne mentionnent ces viols collectifs, a-t-il dit. Le New York Times, toutefois, rapporte qu'IMC a informé pour la première fois la mission le 6 août.  
Empêcher que de tels actes se reproduisent
Dans un communiqué, le Conseil de sécurité a réclamé que "toutes les mesures possibles soient prises pour empêcher de telles atrocités à l'avenir". Le Conseil a notamment recommandé que la Monusco, qui est avec 20 000 hommes la plus importante force déployée par les Nations unies, améliore au moins sa communication avec la population locale. Meece a déclaré que la Monusco envisageait de mettre en place un système de communications quotidiennes entre la base et les villages de la région.  
A Kinshasa, le ministre de l'Information Lambert Mende a déclaré que son gouvernement était "déterminé à combattre et éradiquer toute violence sexuelle", tout en rejetant l'idée que la RDC serait "la capitale mondiale du viol".  
Le viol, arme de guerre
Pourtant, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), au moins 1244 femmes ont rapporté avoir été violées au cours du premier trimestre 2010 en RDC, soit "près de 14 viols par jour en moyenne". Plus d'un tiers des viols ont eu lieu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.  
Ces deux provinces, frontalières avec l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, sont instables en raison de la présence de plusieurs groupes armés qui y commettent toutes sortes d'atrocités, notamment les violences sexuelles, depuis plus d'une décennie. En juin 2008, le Conseil de sécurité de l'ONU condamnait le viol utilisé comme arme de guerre, sans éradiquer cette pratique.

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